In der Nähe von Aigle in Chalex, wo früher Verurteilte und Hexen hingerichtet wurden, soll Satan in Gestalt eines schwarz gekleideten Herrn häufig den Vorsitz über die Versammlung seiner Anhänger geführt und die Tänze selbst angeführt haben, die aus wilden Runden bestanden, deren Spiralen sich oft in den höchsten Lüften verloren. Mehr als ein Passant behauptete, dieses Schauspiel gesehen zu haben.
Die folgende sehr alte Geschichte, die mir von einem alten Mann aus La Forclaz erzählt wurde, ist höchstwahrscheinlich dem Teufel von Chalex zuzuschreiben. Sie handelt von zwei Ormonern, die Spielleute waren. Der eine blies offenbar nicht ohne Talent auf einer Klarinette, der andere entlockte einer Geige mehr oder weniger mitreißende Walzer.
Beide kamen eines Abends aus dem Dorf Roche zurück und waren nicht sehr fröhlich gestimmt, denn man hatte ihnen nur vierzig Batzen Lohn für den Abend geben wollen, und so lehnten sie dieses unzureichende Entgelt ab und kehrten sehr beschwipst nach Aigle zurück. Als sie unterhalb von Yvorne ankamen, kam ihnen ein großer, schwarz gekleideter Mann entgegen, der zu ihnen sagte: «Geht nach Aigle, ins Croix Blanche! Esst dort, trinkt dort! Dann, um Mitternacht, wird euch ein Wagen abholen. Ich werde euch brauchen.»
So wurde es gemacht. Als sie in der Herberge ankamen, wurden ihnen ein ausgezeichneter Wein und Bricelets serviert. Um Mitternacht wurden sie von einer Kutsche abgeholt. Kaum saßen sie darin, als sie sich umschauten und alles schneeweiß sahen. Kurz darauf befanden sie sich in einer großen Gesellschaft, die aus den feinsten Leuten bestand. Es war eine teuflische Versammlung. Die Tanzenden bewegten sich durcheinander, aber man konnte ihre Worte nicht hören. Der ältere der beiden Musikanten, der ob der Schönheit des Schauspiels neugierig geworden war, fragte, ob er nicht auch einen Walzer tanzen dürfe. Er war wohl durch das Trinken im Croix Blanche kühn geworden. Die Bitte wurde ihm gewährt. Nachdem er sich unglücklicherweise eine kleine Vertrautheit mit seiner Tänzerin erlaubt hatte, hörte er eine schreckliche Stimme, die ihm folgende Worte sagte: «Wisse, Spielmann, dass die Lebenden die Toten nicht küssen!»
Im selben Moment gingen die Lichter aus und alles wurde stockfinster. Die Angst der Spielleute war verständlicherweise groß, denn sie wussten nicht mehr, wo sie sich befanden, und begannen um Hilfe zu rufen.
Eine alte Hexe hörte ihre Hilferufe. Sie hatte Mitleid mit ihnen und brachte ihnen mit einem Licht eine Flasche guten Weins; dann ließ sie als Bezahlung ein paar rundliche Molassesteine in ihren Beutel fallen. Unzufrieden mit diesem Lohn, warfen unsere unglücklichen Ormoner die Steine weit fort und behandelten die Frau, die die Frechheit besessen hatte, sich so über sie lustig zu machen, in übelster Weise.
Bald darauf fiel alles wieder in tiefe Dunkelheit zurück. Aber – zu ihrem grössten Erstaunen fanden sich unsere beiden Spielleute, wohl durch einen Zauber, man weiss nicht wie, unter der Brücke in Montreux wieder, wo der Hexensabbat oft seinen lärmigen Auftritt hatte.
Quelle: Alfred Cérésole, Légendes des Alpes vaudoises, 1885, im Kapitel «Sabbats», ohne Titel
Übersetzt von der Mutabor Märchenstiftung, www.maerchenstiftung.ch
Près d’Aigle, en Chalex, au lieu où jadis on exécutait les condamnés et les sorcières, on raconte que Satan, sous l’aspect d’un monsieur tout de noir habillé, présidait fréquemment l’assemblée de ses adeptes et conduisait en personne les danses, qui consistaient en rondes effrénées, dont les spirales se perdaient souvent au plus haut des airs. Plus d’un passant affirmait avoir vu ce spectacle.
C’est fort probablement au diable de Chalex qu’il faut rattacher la très ancienne histoire que voici, qui me fut contée par un vieillard de la Forclaz. Elle eut pour héros deux Ormonans, joueurs de danse. L’un, paraît-il, ne soufflait pas sans quelque talent dans une clarinette ; l’autre réussissait à tirer d’un violon des valses plus ou moins entraînantes.
Or, tous deux revenaient un soir du village de Roche, l’humeur peu joyeuse, car, comme on n’avait voulu leur donner que quarante batz de salaire pour la soirée, ils avaient refusé ce gage insuffisant et rentraient à Aigle très capots. Une fois arrivés sous Yvorne, ils voient venir à leur rencontre un grand monsieur vêtu de noir, qui leur parla ainsi :
– Allez à Aigle, à la Croix Blanche ! Mangez-y, buvez-y ! puis, à minuit, un char viendra vous prendre. J’aurai besoin de vous.
Ainsi fut fait. Parvenus à l’auberge désignée, nos deux ménétriers trouvèrent là un excellent vin servi, ainsi que des bricelets. À minuit, un carosse vint les chercher. À peine y furent-ils installés que, regardant autour d’eux, ils virent tout blanc comme neige. Peu après, ils se trouvèrent dans une société nombreuse, composée du plus grand monde. C’était un des carrefours du diable. Des danseurs s’y entrecroisaient, mais sans qu’on pût entendre leurs paroles. Intrigué par la beauté du spectacle, le plus âgé des deux ménétriers, rendu sans doute audacieux par les libations de la Croix Blanche, se hasarda à demander s’il ne pourrait pas aussi danser une valse. Sa requête lui fut accordée. Malheureusement, s’étant permis une petite familiarité à l’égard de sa danseuse, il entendit une voix terrible lui dire ces mots : « Sachez, joueur ! que les vivants n’embrassent pas les morts !
Au même moment, les lumières s’éteignirent et tout fut plongé dans la plus noire obscurité. Fort grande, on le comprend, fut l’angoisse de nos ménestrels, qui, ne sachant plus se retrouver dans le lieu où ils étaient, se mirent à appeler au secours.
Une vieille sorcière entendit leurs cris de détresse. Elle eut pitié d’eux et leur apporta, avec une lumière, une bouteille de bon vin ; puis, à titre de paiement, elle laissa tomber dans leur bissac quelques pierres de molasse arrondies. Mécontents d’un tel salaire, nos malheureux Ormonans jetèrent loin d’eux les caillous et traitèrent de la manière la plus brutale celle qui avait eu l’audace de se moquer ainsi de leurs personnes.
Bientôt après, tout rentra dans les plus profondes ténèbres. Mais, chose étonnante ! par suite d’une action magique, nos deux joueurs se trouvèrent, on ne sait trop comment, sous le pont de Montreux où la chetta faisait souvent grand tapage.