Über dem Golf von Montreux erhebt sich der Cubli, dessen bewaldete Hänge und felsigen Wände dieses bewundernswerte Ufer dominieren. Von diesem bescheidenen Gipfel (1200 m) aus sieht man im Westen und Süden die blaue Decke des Genfersees und das Rhonetal, das vom Dent du Midi und den Gletschern der Mont-Blanc-Kette beherrscht wird. Im Osten ruht das Auge auf den heiteren und fruchtbaren Hängen, die von den rochers de Naye und dem dent de Jaman gekrönt werden. Im Norden und Nordwesten umfasst der Blick eine Reihe von Plateaus und Hügeln, die sich in der Ferne verlieren, bis hin zum Neuenburgersee und dem Jura, dessen weiche Linien sich am Horizont in blauen oder grauen Farbtönen abzeichnen. Auf allen Seiten in der unmittelbaren Umgebung befinden sich zahlreiche Dörfer - es sind mehr als vierzig -, die inmitten der sie umgebenden Felder, Nuss- und Kastanienbäume ihre braunen Dächer, ihre Kirchtürme oder ihre Schlösser erkennen lassen. Die Poesie dieses Ortes, der bisher zu wenig besucht wurde, erhält durch die Anwesenheit alter Ruinen noch etwas Romantischeres: Es sind die Ruinen eines Herrenhauses oder einer Fluchtburg, deren Geschichte stumm ist, die aber als ersten Besitzer die Familie von Blonay gehabt haben soll.
Einst erhob ein sehr hoher, quadratischer Turm, eine Art schützender Wachturm ähnlich dem von Gourze, seine soliden, fünf Fuß dicken und zwanzig Fuß langen Mauern in den Himmel. Dieser Unterschlupf oder vielmehr Beobachtungsposten war von drei Seiten durch trockene Gräben und in Richtung des Sees durch die steilen Felsabhänge geschützt.
Als dieser Turm, der älter als Chillon und Le Châtelard war, sich einst am Horizont abzeichnete, als nur einige Sträucher oder Büsche seine Umgebung bedeckten und als vor allem am Abend der Mond seine Zinnen beleuchtete, sollte seine Silhouette der Gegend einen poetischen Stempel aufdrücken, den man ihr gerne verleihen würde. Sie sollte dort oben wie ein Adlernest auf einem Felsen erscheinen. Heute sind von dem alten Bergfried mit seinen wackeligen Steinen nur noch drei Mauerstücke und eine Legende übrig.
Der Überlieferung nach erscheint um Mitternacht, wenn der Wind in den Tannen heult, oft eine verschleierte Frau in der Nähe dieser Ruine und lässt schmerzhafte Seufzer hören. Ein hochgewachsener Mann mit grimmigem Blick folgt ihr manchmal in den Wald, mit teuflischem Gelächter.
Diejenigen, die behaupten, die Geschichte dieser Frau zu kennen, sagen, dass sie die Tochter des gefürchteten Archibald von Aigremont war, der zur Zeit der Königin Bertha lebte, und dass sie ihr ganzes Leben lang nichts anderes zu tun hatte, als unter der Barbarei und den Grausamkeiten ihres Vaters zu leiden. Nachdem er in seinem Schloss in Les Ormonts belagert worden war, erhielt er von Isabelle de Blonay die Erlaubnis, sich mit seiner Tochter Eleonore in den Kerker von Saleuscex zu flüchten. Dort erhielt er von ihr die hingebungsvollste Pflege. Während Éléonore ihren alten Vater mit ihrer Zärtlichkeit umgab, besuchte Berthold de Blonay, ihr Cousin, sie oft. Aus diesen wiederholten Besuchen entwickelte sich eine tiefe Zuneigung zwischen den beiden jungen Menschen, die für Eleonore in den Tagen der Traurigkeit und Isolation eine Quelle der Freude und des Trostes war. Als der grimmige Archibald jedoch merkte, dass diese Beziehung zur Heirat und damit zur Vergabe seiner einzigen Tochter führen könnte, dachte er nur an sich selbst und geriet in eine schreckliche Wut. Berthold musste aus Saleuscex fliehen.
Unter dem Einfluss der Reue sah man jedoch, wie der Herr von Aigremont nach und nach in große Angst verfiel und sich im Hinblick auf seine Erlösung allen Praktiken der glühendsten Frömmigkeit hingab. Eines Tages sagte er zu seiner Tochter: "Ich werde sterben. Ich sehe mehr denn je alle meine Verbrechen vor mir stehen... Mein Kind, schwöre mir, dass du, um meine Seele zu retten, den Rest deiner Tage damit verbringen wirst, in einer der Stätten der heiligen Töchter, die sich dem Herrn widmen, für mich zu beten."
Der Kampf in Eleonores Herz war lang und schmerzhaft. Aber als sie die wiederholten Bitten ihres Vaters hörte und ihn eines Tages kurz vor dem Tod sah, versprach sie, seinen Wünschen nachzukommen. Als sie allein war, verließ sie den Turm und ging in ein Kloster, wo sie ihr melancholisches Leben im Gebet und unter Tränen beendete. Seitdem kehrt ihre Seele angeblich zurück, um in der Nähe der Ruinen von Saleuscex umherzuwandern, in den Wäldern, die Zeugen ihrer süßesten Gefühle, aber auch ihrer härtesten Kämpfe waren. Deshalb sieht er so traurig aus und die Einsamkeit des Cubli hallt heute von schmerzhaften Seufzern wider.
Anmerkung: Saleuscex bedeutet der Felsen von Sales. Sales ist eines der Dörfer der Pfarrei Montreux, das am Fuß dieses Felsens liegt. In keinem bislang bekannten Dokument wird der Turm, von dem die Rede ist, erwähnt. Man weiß nur, dass Gabriel de Blonay 1620 den großen Wald von Cubli, in dem der Turm gebaut worden war, zum Preis von 25.000 Gulden an seine Untertanen in Le Châtelard verkaufte.
Quelle: Alfred Cérésole, Légendes des Alpes vaudoises, 1885, unter dem Titel: La Dame de Saleuscex
Übersetzt von der Mutabor Märchenstiftung, www.maerchenstiftung.ch
La Dame de Saleuscex
Au-dessus du golfe de Montreux, s’élève le Cubli, dont les pentes boisées et les parois rocheuses dominent cette rive admirable. Du haut de ce sommet de modeste élévation (1200 mètres), on voit s’étaler, à l’occident et au sud, la nappe bleue du Léman et la vallée du Rhône que commandent la dent du Midi et les glaciers de la chaîne du mont Blanc. Du côté du levant, l’œil se repose sur des pentes riantes et fertiles que couronnent les rochers de Naye et la dent de Jaman. Au nord et au nord-ouest, le regard embrasse une succession de plateaux et de collines qui se perdent au loin, jusqu’au lac de Neuchâtel et au Jura, dont les lignes moelleuses se dessinent à l’horizon en teintes bleues ou grises. De toutes parts, dans les environs immédiats, des villages en grand nombre, – on en compte plus d’une quarantaine, – laissent voir, au milieu des champs, des noyers et des châtaigniers qui les entourent, leurs toits bruns, leurs clochers ou leurs châteaux. La poésie de ce site, jusqu’ici trop peu visité, prend quelque chose de plus romantique encore par la présence de vieilles ruines : ce sont celles d’un manoir ou refuge dont l’histoire est muette, mais qui aurait eu pour premier propriétaire la famille de Blonay.
Jadis, une très haute tour et de forme carrée, sorte de donjon protecteur semblable à celui de Gourze, élevait vers le ciel ses murs solides, épais de cinq pieds et longs de vingt. Cet abri, ou plutôt ce poste d’observation était protégé de trois côtés par des fossés secs et, dans la direction du lac, par les escarpements de rochers à pic.
Lorsque cette tour, plus vieille que Chillon et que le Châtelard, se dessinait autrefois sur l’horizon, lorsque quelques arbustes ou buissons en tapissaient seuls les abords, quand, le soir surtout, la lune en éclairait les créneaux, son profil devait donner à la contrée un cachet de poésie qu’on aimerait à lui rendre. Elle devait apparaître, là-haut, comme un nid d’aigle posé sur un rocher. Aujourd’hui, il ne reste de ce vieux donjon aux pierres chancelantes que trois pans de murs et... une légende.
La tradition raconte qu’à minuit, quand le vent pleure dans les sapins, une femme voilée apparaît souvent près de ces ruines, en faisant entendre de douloureux soupirs. Un homme de haute taille, au regard farouche, la suit parfois dans la forêt, avec des éclats de rire diaboliques.
Ceux qui prétendent savoir l’histoire de cette femme disent qu’elle fut la fille du redouté Archibald d’Aigremont, qui vivait au temps de la reine Berthe, et qu’elle n’eut, durant toute sa vie, qu’à souffrir de la barbarie et des cruautés de son père. Celui-ci, après avoir été assiégé dans son castel des Ormonts, obtint de dame Isabelle de Blonay de pouvoir se réfugier avec sa fille Éléonore dans le donjon de Saleuscex. Ce fut là qu’il reçut de celle-ci les soins les plus dévoués. Pendant qu’Éléonore entourait son vieux père de ses tendresses, Berthold de Blonay, son cousin, venait souvent la voir. De ces visites répétées, il résulta entre les deux jeunes gens une affection profonde, qui fut pour Éléonore, dans ses jours de tristesse et d’isolement, une source de joie et de consolation. Mais, lorsque le farouche Archibald vint à s’apercevoir que ces relations pourraient aboutir au mariage et par conséquent au don de sa fille unique, il ne songea qu’à lui et entra dans une fureur terrible. Berthold dut s’enfuir de Saleuscex.
Cependant, sous l’empire des remords, on vit peu à peu le seigneur d’Aigremont tomber dans une grande angoisse et se livrer, en vue d’obtenir son salut, à toutes les pratiques de la plus ardente piété. « Je vais mourir, dit-il un jour à sa fille. Je vois plus que jamais se dresser devant moi tous mes crimes... Mon enfant ! jure-moi que, pour sauver mon âme, tu consacreras le reste de tes jours à prier pour moi dans une des demeures des saintes filles qui se vouent au Seigneur. »
La lutte dans le cœur d’Éléonore fut longue et douloureuse. Mais, en entendant les supplications réitérées de son père, en le voyant un jour au moment de rendre l’âme, elle promit d’accéder à ses désirs. Une fois seule, elle quitta la tour et entra dans un monastère, où elle termina sa mélancolique existence dans la prière et dans les larmes. Dès lors, son âme revient, dit-on, errer près des ruines de Saleuscex, dans ces bois témoins de ses plus douces émotions, mais aussi de ses plus rudes combats. Voilà pourquoi son regard est si triste et pourquoi les solitudes du Cubli retentissent aujourd’hui de si douloureux soupirs.
Remarque : Saleuscex signifie le Rocher de Sales. Sales est un des villages de la paroisse de Montreux, situé au pied de ce rocher. Aucun document jusqu’ici connu ne fait mention de la tour dont il est question. Tout ce qu’on sait, c’est qu’en 1620, Gabriel de Blonay vendit à ses sujets du Châtelard le grand bois du Cubli, où la tour avait été bâtie, pour le prix de 25,000 florins.