Die gefürchtete Bande der höllischen Geister zeigte sich noch an vielen anderen Orten. Im Allgemeinen galten die Hochalpen, die dünn besiedelten Berge, die Gletscher und die kahlen, windgepeitschten Felsen als ihre Domänen und Aufenthaltsorte. Hier versuchten sie, den Menschen zu schaden; hier wollten sie den allzu kühnen Gämsenjäger anlocken. Wehe ihm, wenn er seiner Leidenschaft und einer fatalen Neugierde nachgab und zu hoch in diese abgelegenen Regionen vordrang! Böse Geister umschlangen ihn bald mit ihren tückischen Reizen; sie trübten seine Sicht durch Nebel oder trügerische Erscheinungen; sie ließen Hagel und Gewitter über sein Haupt kommen. Wehe auch dem allzu kühnen Bergbewohner, der auf der Suche nach Schätzen oder wertvollen Kristallen oder durch den Reiz irgendeiner unterirdischen Mine in die Höhlen oder Felsspalten gelockt wurde! Diese eifersüchtigen Geister der in ihren Geheimnissen verletzten Alp, diese Gnome, die die alten vergrabenen Schätze beschützten, diese Wächter der tiefen Höhlen, ließen Steine und Felsen auf ihn krachen oder den Kühnen in eine Gletscherspalte stürzen, wo er die Strafe für seine Verwegenheit fand.
Wenn also eine Lawine ins Tal raste, der Gletscher knackte, der Sturm und die Böen auf den Höhen tobten, ein plötzlicher Felssturz oder ein seltsames Geräusch auftrat, dann waren der Teufel und die Dämonen am Werk, um Rache zu üben. Es versteht sich von selbst, dass die höllische Bande vor allem in den Nachtstunden ihren Tanz aufführte.
Am Fuße des Chamossaire zum Beispiel, an den Hängen des Grande-Eau-Tals, an den Ufern des Baches, der den Namen Rebenay trägt, in der Nähe des Weilers Essertgillod (dem einige Etymologen die Idee des Schauderns, des Schreckens zuschreiben wollen), kam es vor, dass verweilende Wanderer vor Schreck über diese Umzüge erstarrten. «Ich habe sie mit eigenen Ohren gehört», erzählte mir ein alter Mann aus La Forclaz. «Der Krach ging von den Tours d'Aï auf der einen Seite bis zu den Spitzen des Chamossaire auf der anderen Seite. Die Bande zog in wildem Treiben bis zum Talboden hinunter. Unter anderem wurde ich 1820 durch Lärm aller Art betäubt: Pfeifen, Heulen, entsetzliches Buhen, Katzen-, Hunde-, Raben- und Eulenschreie, ein schreckliches Tohuwabohu. Der Kamerad, der mit mir ging, sagte: ‘Legen wir uns auf den Boden!’ Das taten wir dann auch. Wir hatten keine Angst, aber wir spürten, wie leichte Körper über uns hinwegflogen und uns an den Lenden kratzten.»
Dasselbe Phänomen sollte sich auch an vielen anderen Orten ereignen. Nicht weit von Rebenay, das wir gerade erwähnt haben, wurde der Teufelsrachen am Creux d'Enfer (in der Nähe von Panex) und an der Brücke von Les Planches (im Gebiet von Les Ormonts) gehört, und zwar mit einem so lauten und merkwürdigen Geräusch, dass «man meinte, Hunderte von Steinen und Kieselsteinen würden unaufhörlich aufeinanderprallen.» Dies war auch am Fuße des Muveran der Fall (bei der Brücke von Nant in der Nähe des «Pierre aux chamois», dem Gämsenstein); in Ormont-dessus: bei der Brücke von Nicolet, bei der Brücke von Lavanche, in Creux de champ usw. An diesen abgelegenen Orten befand sich gewöhnlich «eine Tanzfläche», die von den Alten noch gezeigt wird. Dort ertönten nachts die Rufe der satanischen Reigen, von denen mir ein Ormonaner einmal sagte: «Ich habe oft genug von denen gehört, die zum Sabbat gehen, von denen, die eine Kröte zum Milchziehen benutzen, die Menschen und Tiere zum Austrocknen bringen; aber ich weiß nicht mehr, wo sie sind. Ich erinnere mich an eine Person, die sagte, dass sie an einer Brücke vorbeikam, da war ein großes Licht, mit Musik und allen möglichen Instrumenten; da waren auch Elstern, Raben, Menschen, die noch von dieser Welt sind, und Tote, die ich gekannt habe. Das war, glaube ich, der Sabbat mit dem Teufel und seinem ganzen Zug.»
Quelle: Alfred Cérésole, Légendes des Alpes vaudoises, 1885, unter dem Titel: Les coraules du diable
Übersetzt von der Mutabor Märchenstiftung, www.maerchenstiftung.ch
Les coraules du diable
La bande redoutée des esprits infernaux se manifestait en bien d’autres lieux encore. D’une manière générale, l’alpe supérieure, la montagne peu habitée, les glaciers, les rocs dénudés, balayés par les vents, étaient censés leurs domaines et leurs lieux de séjour. C’était là qu’ils cherchaient à nuire aux hommes ; c’était là qu’ils essayaient d’attirer le chasseur de chamois trop audacieux. Malheur à lui si, cédant à sa passion et à une fatale curiosité, il s’avançait trop haut dans ces régions perdues ! Les mauvais génies l’enlaçaient bientôt de leurs charmes perfides ; ils troublaient sa vue par des brouillards ou des mirages trompeurs ; ils faisaient venir sur sa tête la grêle et les orages. Malheur aussi au montagnard trop hardi, attiré dans les cavernes ou les crevasses rocheuses par la recherche de trésors ou de cristaux précieux ou par l’appât de quelque mine souterraine ! Ces esprits jaloux de l’alpe violée en ses secrets, ces gnomes protecteurs des vieux trésors enfouis, ces gardiens des grottes profondes faisaient crouler sur lui pierres et rochers ou bien faisaient choir l’audacieux dans la crevasse d’un glacier, où il trouvait le châtiment de sa témérité.
Aussi, une avalanche descendait-elle dans la vallée, le craquement du glacier se faisait-il entendre, la tourmente et les sifflements de la rafale faisaient-ils rage sur les hauteurs, un éboulement soudain de rochers ou quelque bruit étrange venaient-ils à se produire, c’était le diable et les démons qui se mettaient en œuvre pour exercer quelque vengeance. Il va sans dire que c’était surtout aux heures de la nuit que la coraule infernale entrait en danse.
Au pied du Chamossaire, par exemple, aux flancs de la vallée de la Grande-Eau, sur les bords du ruisseau qui porte le nom de Rebenay, près du hameau d’Essertgillod (auquel quelques étymologistes veulent rattacher l’idée de frisson, d’effroi), les passants attardés étaient autrefois glacés de peur par ces coraules. « Je les ai entendues de mes oreilles, me racontait un vieillard de la Forclaz. Le tapage se formait depuis les Tours d’Aï d’un côté et depuis les pointes du Chamossaire de l’autre. La bande descendait en tourbillon jusqu’au fond de la vallée. Entre autres, en 1820, je fus essourdelé par des bruits de toute espèce : sifflets, hurlements, huées épouvantables, cris de chats, de chiens, de corbeaux, de hiboux, charivari affreux. Le camarade qui marchait avec moi me dit : « Jetons-nous bas ! » C’est ce que nous avons fait. Nous en fûmes quittes pour la peur, mais nous sentîmes que des corps légers nous passaient dessus, en nous gratouillant les reins. »
Le même phénomène était censé se passer en bien d’autres lieux. Non loin du Rebenay, dont nous venons de parler, la coraule du diable fut entendue au Creux d’Enfer (près Panex), au pont des Planches (sur le territoire des Ormonts), et cela avec un bruit si fort et si curieux qu’« on aurait dit des centaines de pierres et de cailloux qui s’entre-choquaient sans cesse ». Il en était également ainsi au pied du Muveran (au pont de Nant près de la « Pierre aux chamois ») ; à Ormont-dessus : près du pont du Nicolet, au pont de la Lavanche, au Creux de champ, etc. Dans ces lieux écartés se trouvait ordinairement « un plan des danses », que les anciens montrent encore. C’est là que retentissaient, pendant la nuit, les cris des rondes sataniques, dont un Ormonan me disait un jour : « Yé praau avouï parla de çau que van à la satta, de çau que tiron le lassé avoué on crapaud, que fan setzi lé dzon et les bété... ma né sè pie yo sont... Yé me rap- pélé dé yon que dezai que passavé près d’on pont. L’ai y avé grossa lumière, avoua onna mousica dé toté sorté d’instrument ; l’ai y avé assebin de lé z’agassé, dé corbé, dé-s-hommes viven et dei morts qué-z-avé cognu... L’éta, crayou bin la satta avoué lo diable et to son train. » (J’ai assez souvent entendu parler de ceux qui vont au sabbat, de ceux qui se servent d’un crapaud pour tirer le lait, qui font sécher gens et bêtes ; mais je ne sais plus où ils sont. Je me rappelle d’un individu qui disait qu’il passait près d’un pont, il y avait une grosse lumière, avec une musique et toutes sortes d’instruments ; il y avait aussi des pies, des corbeaux, des hommes qui sont encore de ce monde et des morts que j’ai connus. C’était, je crois bien, le sabbat avec le diable et tout son train.)